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Festival international des jardins Chaumont-sur-Loire : les créations surfent sur la résilience

Le Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire ouvrira le 25 avril prochain sur le thème du jardin résilient.

Le Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire ouvrira ses portes le 25 avril sur un thème dans l’air du temps. En avant-première, voici quelques réalisations semblant pleines d’intérêt !

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C’est l’un des termes à la mode du moment : la résilience. C’est en son nom que se développe dans les villes l’agriculture urbaine, par exemple. Non sans contradiction, faire pousser quelques légumes sur les toits s’avère fort peu efficace pour assurer la survie d’une espèce humaine qui consomme avant tout des céréales, mais là n’est pas le propos : c’est ce thème du jardin résilient que les organisateurs du Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire ont choisi pour l’édition 2023 qui ouvrira se portes du 25 avril au 5 novembre, au domaine de Chaumont-sur-Loire (41).

« Sobriété, autosuffisance grâce à la permaculture, aux forêts comestibles, aux corridors verts… tout est à mettre en œuvre pour renforcer la résilience de nos jardins, pour anticiper, agir, rebondir, réduire les vulnérabilités, justifie Chantal Colleu-Dumond, directrice du festival. Dans ce jardin résilient à inventer, à cultiver, toutes les contraintes de notre temps ont été envisagées et de belles solutions sont proposées par les paysagistes, qui ont su faire de leur parcelle un concentré d’imagination, de savoirs et de savoir-faire, pour y renforcer la présence des végétaux… »

Place aux « cartes vertes »

« On verra, dans cette édition, des berges asséchées de rivières, manquant d’eau, des sols craquelés sous l’effet de la chaleur, des lieux confrontés au double défi de la résistance aux incendies et de l’adaptation aux inondations. Mais on pourra aussi contempler des jardins “Kintsugi”, où le végétal vient à réparer les blessures du sol. On pourra observer la puissance d’une brèche humide et verte (Brèche) et la possibilité de recréation d’un milieu favorisant les alliances interespèces, avec des expérimentations syntropiques. On pourra emprunter des corridors végétaux, dont l’ombre douce rafraîchira le visiteur. On pourra découvrir des systèmes ancestraux et ingénieux d’irrigation (Le Jardin de tuiles). On pourra pénétrer dans une forêt sacrée (Devrai - a sacred forest), où l’ombre et la fraîcheur apaisent les esprits », promet l’équipe organisatrice du festival.

Plus prosaïquement, comme c’est devenu une traditions, des « cartes vertes » ont été offertes à des personnalités parmi lesquelles le Belge Bas Smets, « grand spécialiste du végétal et de l’évapotranspiration ». Il propose, dans les « prés du Goualoup », « un jardin laboratoire, une réflexion sur la forêt du futur, les espèces qui la constitueront face au réchauffement climatique et les dispositions du terrain qui favoriseront sa préservation ». Un sujet en plein dans l’air du temps après un été 2022 torride en France. Dans son agence de paysage, son credo est de « remettre la nature dans les villes, repenser intelligemment les espaces verts de demain et trouver un nouvel équilibre entre nature et bâti pour affronter efficacement le réchauffement climatique ». Son travail à Chaumont-sur-Loire devrait s’inscrire dans la droite ligne de cette démarche.

© Bas Smets - La Forêt du futur, du paysagiste belge Bas Smets est « un jardin laboratoire, une réflexion sur la forêt du futur, les espèces qui la constitueront face au réchauffement climatique ».

Le jardin sec comme gage de résilience

Une autre carte verte a été réservée à James Basson, paysagiste britannique installé dans le sud de la France (Scape Design), spécialiste des jardins secs, qui travaille beaucoup avec les pépinières Filippi, à Mèze (34). Dans la cour de la ferme du domaine de Chaumont-sur-Loire, il propose « une alternative à la fois esthétique, botanique et persistante aux pelouses si présentes dans nos jardins. Le Paysage microcosmique est un grand paysage miniature. De la distance de l’entrée, on ne voit pas beaucoup de différence avec la pelouse verte. Le ton et la texture suggèrent un changement. En s’approchant du paysage, on est attiré. Des centaines d’espèces différentes composent ce paysage microcosmique. Au fur et à mesure que l’on se promène dans le paysage, celui-ci change et évolue ».

On retrouvera aussi parmi les cartes vertes Franck Serra, paysagiste du Périgord, Maître jardinier vainqueur du Carré des jardiniers de Paysalia en 2021 (voir ici : Le Carré des jardiniers était un carré d’as). Son jardin, « Terre de feu », « renaît de ses cendres sur lesquelles nous imaginons des habitats nouveaux, une végétation responsable, résiliente et adaptée au monde nouveau. C’est le croisement des perspectives, la résilience des paysages et leur capacité à nous donner de l’espoir », assure-t-il.

Une trentaine de nouveaux jardins

Parmi la trentaine de jardins qui seront exposés cette année, on peut signaler « Le Corridor végétal », proposé par Ashley Martinez, concepteur paysagiste, et Julie Cote, designer de jardins. Ce jardin « façonne un espace de fraîcheur, là où le minéral et la stérilité régnaient autrefois. Avec un savant mélange de végétaux locaux, exotiques et comestibles (albizia et passiflore), ce passage actualise la technique ancestrale de la vannerie, tout en favorisant la biodiversité pour les oiseaux et les pollinisateurs ».

Autre jardin prometteur, « Le Jardin des chênes » de Nicola et Anthony Hills. La première est concepteur paysagiste, le second architecte. Le jardin cherche à montrer combien le chêne est puissant et résistant.

« La Forêt sacrée », jardin imaginé par Noopur Sejpal, architecte paysagiste, Zubin Parekh et Khushi Jalan, architectes, tous trois indiens, est inspirée des forêts sacrées de leur pays. « Ces parcelles de forêt vierge couvrent de quelques arbres à plusieurs hectares et concentrent une riche biodiversité de plantes, fruits, branches fleuries et cours d’eau », expliquent-ils. Elles « représentent également un moyen de subsistance pour les populations locales. Attentives aux capacités de renouvellement de la terre, celles-ci ne prélèvent que le surplus qu’elle peut donner, ce qui constitue véritablement une pratique résiliente ». C’est peut-être tout simplement cela la résilience !

Le Festival international des jardins, mais pas que…

Hormis ces rendez-vous classiques désormais, les jardins seront ouverts du 1er juillet au 31 août, de 10 h jusqu'à minuit, avec habillage de lumière et de musique.
Les « Botaniques de Chaumont-sur-Loire » auront lieu, pour leur part, les 16 et 17 septembre, avec la volonté de promouvoir les collections et la diversité végétale.
Enfin, du 6 au 10 octobre, la cinquième édition de « Quand fleurir est un art » sera dédiée comme d’habitude à l’art floral.

Mais Chaumont-sur-Loire est également un domaine ouvert 363 jours dans l'année, avec un château dans lequel sont proposés des rendez-vous culturels nombreux !

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